Twin Peaks par Christophe Petit - Page des fans de Twin Peaks
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Twin Peaks par Christophe Petit

Il suffit de peu de choses pour que tout bascule. La découverte du corps de Laura Palmer déclenche une succession d’événements que les habitants de la ville ont du mal à maitriser. Les téléspectateurs aussi, d’ailleurs. Car, à Twin Peaks, tout peut arriver…

« Nous étions chez DuPar ‘s, un coffee-shop à l’angle de Laurel Canyon et de Ventura. Et soudain, avec Mark, nous avons eu cette image d’un corps enveloppé dans du plastique, échoué sur la berge d’un lac. » Ainsi parle David Lynch, le cocréateur du feuilleton avec Mark Frost, de la genèse de Twin Peaks.

Tout le monde connaît David Lynch, le réalisateur d’Eraserhead, Elephant Man, Dune, Blue Velvet et Sailor et Lula. Mark Frost fut, quant à lui, un des scénaristes attitrés de Capitaine Furillo (Hill Street Blues). Autant dire qu’en matière d’innovations à la télé, il s’y connait. C’est Tony Krantz, l’agent commun des deux personnages, qui provoque leur rencontre. Ils travaillent tout d’abord sur plusieurs projets, dont Goddess (un film sur les dernières semaines de la vie de Marilyn Monroe), One Saliva Bubble ou l’histoire d’un nain qui voyage grâce à l’electricité , et une fiction télé, The Lemurian, impliquant des extra-terrestres infiltrés dans la société américaine… Mais aucun d’entre eux n’aboutit.
« Puis nous avons réfléchi à ce projet de mélanger une enquête policière avec un soap opera, » poursuit Lynch. » L’idée d’une histoire à épisodes qui continuerait longtemps me plaisait. Nous avons dessiné la carte de la ville. Nous savions où était située chaque chose et cela nous a aidés à déterminer l’atmosphère qui y régnait et ce qui pouvait s’y produire. Les personnages se sont alors introduits d’eux-mêmes dans l ‘histoire. Nous savions qu’il y avait une vieille scierie à cause du lac. Ça nous a pris un certain temps avant d’essayer de résoudre l’énigme (NDLR : on veut bien le croire). Il fallait qu’on connaisse la ville avant d’établir une liste de suspects. C’est seulement après que nous eûmes fait la connaissance des habitants de Twin Peaks que le meurtrier s’est révélé de lui-même. La chaîne ABC, aussitôt enthousiasmée, donne son accord. David Lynch s’en étonne encore : Ils nous ont commandé un scénario que nous avons écrit en huit ou neuf jours. En vingt et un jours de tournage ultra-rapide, par un temps glacial, le film était dans les boites. Je n’arrivais pas à croire que j’avais pu réaliser 93 minutes de film en si peu de temps, même si les journées avaient été très longues.

Dimanche 8 avril 1990, ABC, 21 heures. 35 millions d’Américains (soit un tiers de l’audience nationale) sont devant leur téléviseur. Ils attendent de découvrir le feuilleton que la critique, dithyrambique, qualifie de « jamais vu sur Terre ». Une petite ville, Twin Peaks, est le théatre d’un drame (l’assassinat sauvage de Laura Palmer, une jeune lycéenne). Là-dessus viennent s’enchevêtrer des histoires d’amour, de puissance, d’argent. Jusque là, rien que de bien banal. Mais, très vite, tout bascule. L’accroche policière joue son rôle à fond. On est captivé par l’enquête, et surtout par la personnalité de l’agent du FBI, Dale Cooper, interprété par Kyle MacLachlan, qui avance ses déductions à grands renforts de techniques divinatoires directement inspirées du transcendantalisme tibétain. Sur cette enquête viennent se greffer de multiples intrigues (subplots) impliquant un nombre invraisemblable de personnages. Très vite, dans l’épisode pilote, tout dérape dans l’humour, le délire, l’irrationnel, l’angoisse et le fantastique. Dana Ashbrook (Bobby Briggs) décrit la série comme une sorte d’Happy Days passé au vitriol, où Richie Cunningham songerait au suicide et où Fonzie serait un dealer..

Lynch et Frost s’amusent à compliquer le scénario à souhait, à multiplier les intrigues et les interrogations. Twin Peaks démarre comme un soap opera et en utilise toutes les recettes. Mais, à la différence d’un vrai soap, il est impossible ici de rater un seul épisode. Les scènes mélodramatiques sont amplifiées à la puissance mille et finissent par en devenir humoristiques. Celle où la mère de Laura (Grace Zabriskie), à l’annonce de sa mort, reste plantée pendant plusieurs minutes à crier et à pleurer devant la caméra reste un des grands moments du pilote.

Mark Frost définit très bien le concept du feuilleton : « Nous avons essayé de renouveler le soap du soir dans le même sens qu’Hill Street Blues l’avait fait avec le genre policier il y a dix ans. David y a ajouté une touche de surréalisme. »

Le pilote, pour de juteuses raisons commerciales, est aussitôt exploité en vidéo et dévoile, de plus, l’identité de l’assassin. Lynch s’empresse de préciser : « Cette fin a été réalisée pour la version vidéo vendue sur le marché européen et offre une conclusion à l’histoire. Lorsque j’ai signé mon contrat, qui était très épais, je ne savais pas que je m’engageais à cela. C’est ma faute si je n’ai pas fait attention à ce que je signais ! Les Américains, assez stupidement, croient toujours que l’Europe est aussi loin que la planète Mars et ABC a pensé que jamais personne n’entendrait parler de cette fin « fermée ». Au milieu du tournage on m’a rappelé que je devais la filmer. J’avais déjà un plan de travail extrêmement serré et je ne voyais pas comment j’aurais le temps de m’y consacrer ni même de l’imaginer. Puis tout à coup, étrangement, une idée m’est venue à l’esprit et la compagnie de production m’a laissé toute liberté tant ses dirigeants étaient impatients que je la tourne pour que l’histoire ait l’air terminée. Cela a pris très peu de temps et nous avons eu un jour supplémentaire de tournage en revenant à Los Angeles pour les plans de la fin avec le nain, Laura Palmer, le rêve et la danse. Personnellement, j’adore ces quatre minutes de film. »
Il les adore d’ailleurs tellement qu’elles réapparaissent à la fin du deuxième épisode, dans le rêve de Cooper. Les acteurs s’y livrent à une véritable prouesse, puisqu’ils parlent, marchent et jouent à l’envers, jusqu’à arriver au début de la séquence, ce qui donne aux personnages une inquiétante élocution hachée et à toute la scène une hallucinante étrangeté. Joan Chen, la belle asiatique Josie Packard, se souvient de la façon dont Bob, l’assassin, fut créé à cette occasion : « David avait repéré un accessoiriste qui se cachait pour ne pas entrer dans le champs de la caméra. il trouvait qu’il avait un physique remarquable et il fit de lui le tueur.

Dès le premier épisode, le délire s’empare des Etats-Unis. Le feuilleton est très vite catapulté à la cinquième place dans les programmes d’ABC. La première saison s’achève sur un enchevêtrement inextricable, à l’intérieur duquel la plupart des personnages se débattent (quand ils sont encore conscients) dans de terribles situations. Mais de nom de l’assassin, point. Et les téléspectateurs ont déjà commencé à bouder leur plaisir. Le feuilleton est passé, en trois mois, de la cinquième place à la treizième pour finir à la vingt-huitième avant l’été. ABC songe même à l’annuler et à tourner un ultime épisode révélant tous les dessous de l’affaire. Pourtant, treize nouveaux épisodes sont commandés pour la saison 90-91. A 900 000 dollars l’épisode, autant se montrer raisonnable. En réalité, il en sera tourné 22. En septembre 90, alors qu’il a été rediffusé pendant tout l’été, histoire de ne pas laisser la pression retomber excessivement, le feuilleton récolte 14 nominations pour les Emmy Awards, plus qu’aucun autre show. Mais avec seulement deux récompenses (pour le montage et les costumes), c’est une terrible déception.

Ce qui n’empêche pas le marketing autour de la série de se développer. Des tartes aux cerises sont commercialisées sous la marque « Double R », ainsi que des tasses à café frappées du logo « Twin Peaks ». On peut même appeler un répondeur qui fournit en détail les résumés des épisodes précédents. La 5, et c’est une première dans l’histoire de la diffusion d’une série en France, avait eu l’excellente initiative de reprendre l’idée et recevait jusqu’à 5 000 appels par jour. Twin Peaks n’étant pas un feuilleton comme les autres, les produits dérivés se doivent d’être différents. Outre la fabuleuse bande originale écrite par Angelo Badalamenti, on peut trouver Le journal secret de Laura Palmer, l’original, celui détenu par Harold Smith (Lenny Von Dohlen). Écrit par Jennifer Lynch, ce Journal est une idée des plus originales: on peut l’acheter n’importe où dans la réalité alors que tout le monde le cherche dans la fiction. Preuve que rien n’est réellement réel à Twin Peaks mais plutôt surnaturellement surnaturel. Par la suite seront lancés Les cassettes de Dale Cooper, enregistrées par Kyle MacLachlan lui-même, où l’agent spécial décrit son enquête à Diane, sa secrétaire, et L ‘autobiographie de Dale Cooper.’ Ma vie, mes enregistrements, à travers lesquels on suit la vie tourmentée de Cooper. Une édition du très sérieux « Access Guide » (l’équivalent américain du Guide Bleu) est consacrée à Twin Peaks et décrit, avec un luxe de détails, de croquis et d’indications historiques, tout ce qu’il faut savoir pour visiter la ville. Dernier élément en date la sortie des 7 premiers épisodes (soit la première saison) en vidéo, mais sans le pilote pour la simple et bonne raison que la version alternative est aujourd’hui la propriété exclusive de Warner Vidéo…

La deuxième saison débute le dimanche 30 septembre, avec un épisode spécial de deux heures. Diffusée le jeudi sous forme d’épisodes hebdomadaires d’une heure pendant la première saison, la série saute au samedi, c’est-à-dire la soirée la plus dangereuse aux États-Unis pour un feuilleton, puisque c’est ce soir-là qu’une concurrente retransmet des matchs de football… Pendant qu’ABC continue à lancer, au milieu de ses programmes, des bandes annonces qui posent la cruciale question « Who killed Laura Palmer ? » (Qui a tué Laura Palmer ?), les autres chaînes répliquent « Who cares ? » (Qui s’en soucie ?). Le 10 novembre, Lynch et Frost ne savent pas qu’ils viennent de signer l’arrêt de mort de la série. Et pourtant, comment qualifier autrement cet épisode qui révèle le nom du meurtrier de Laura ? Enfin les téléspectateurs ont leur réponse. Mais la plupart n’ont pas compris que l’intérêt du feuilleton n’était pas de savoir qui, pourquoi et comment, mais de se laisser bercer par la magie des images et entraîner dans les tourbillons du plus savoureux des scénarios. D’ailleurs, la solution est à la hauteur des prétentions affichées par les auteurs : on ne saura jamais pourquoi, ni comment. Quant au véritable « par qui », le dénouement n’offre, là non plus, qu’une réponse bien incomplète…

Quoi qu’il en soit, l’arrivée des fêtes de fin d’année permet d’éclipser Twin Peaks pendant quelques semaines. Mieux, la guerre du Golfe fournit à nouveau une excellente raison à ABC pour supprimer le feuilleton. La diffusion devient de plus en plus erratique, laissant s’écouler parfois plusieurs semaines entre les épisodes. Les programmations voltigent du samedi au jeudi ou au vendredi. Bref, un véritable parcours du combattant pour tous les twinpiqués. Lynch défend son oeuvre : « Tout s’est à peu près bien passé pendant la première saison, mais pour la seconde, ABC a choisi des créneaux de diffusion incohérents, et puis, ils ont interrompu la diffusion des six derniers épisodes (entre le samedi 16 février et le jeudi 28 mars 91, NDLR). Vous êtes à la merci des points d’audience, c’est triste. Nous avons organisé une conférence de presse pour mobiliser les fans. Ils ont été fantastiques. Jamais je ne me serais douté de l’ampleur du phénomène, ni de l’imagination des fans de Twin Peaks. »
C’est ainsi que les dirigeants d’ABC ont vu arriver sur leur bureau des poupées Barbie enveloppées dans du plastique, porteuses du message « Ne tuez pas Laura Palmer une seconde fois ». Quatre épisodes sont alors programmés jusqu’au 19 avril. Mais il faudra aux Américains près de deux mois de patience pour voir enfin le lundi 10 Juin les deux derniers épisodes, réunis pour la circonstance en un seul. En quelque sorte, nous aurons été beaucoup plus chanceux que nos voisins d’Outre-Atlantique puisque La 5 a diffusé le feuilleton dans son intégralité et régulièrement bien qu’avec des horaires de plus en plus tardifs.

On peut admettre que la disparition de l’intrigue centrale, cependant très vite compensée par l’arrivée du terrible Windom Earle (Kenneth Welsh) ait pu décontenancer les téléspectateurs. Mais c’est sans doute dans cette seconde partie, moins mythique que la première, que Twin Peaks prend toute son ampleur. Les scénarios sont encore plus touffus et remarquablement écrits, hormis la lamentable incursion de James Hurley (James Marshall) dans un banal imbroglio amoureux où deux amants décident de supprimer un mari gênant en le faisant accuser. Les épisodes vont encore plus loin dans l’anti-soap et les révélations, surprenantes, n’ont rien à envier au cas Laura Palmer (par exemple, le rôle joué par Josie à Twin Peaks, sa mort, et les véritables motivations de Windom Earle).

Dans le feuilleton, tout se passe comme si rien ni personne n’étaient « vrais » (Twin Peaks n’est même pas un vrai soap). Et, quand l’on découvre la vérité, il est trop tard, le mal (Mal ?) est fait. À Twin Peaks, c’est la face cachée de l’humanité qui est mise au jour. Derrière une apparence irréprochable, chacun recèle une part d’abjection, de vilenie, d’ignominie, de honte et de dépravation que Bob, en quelque sorte l’équivalent du Numéro 1 dans Le Prisonnier, symbolise. Ce qui explique que les choses les plus horribles se produisent, que les pires catastrophes s’abattent sur les habitants et la ville en général. Le mal est partout. Comme les personnages du rêve de Cooper qui marchent à l’envers, Ben Horne (Richard Beymer) rejoue la guerre de Sécession en faisant gagner le Sud ! La transformation mentale qui en résulte le pousse à faire le bien plutôt que le mal. En conséquence de quoi il avoue toutes ses erreurs de jeunesse et détruit, par la même occasion, la vie de la famille Hayward. Ce qui illustre bien la vision lynchéenne du monde : « Je crois qu’à un moment – et cela arrive sans doute à tout le monde – j’ai entrevu la possibilité d’un monde idéal et parfait. Peu à peu, j’ai observé à quel point cette idée s’est dégradée, à quel point ce monde est devenu de plus en plus mauvais.

À Twin Peaks, rien n’est prévisible et tout bascule. C’est Invitation à l’amour, le soap suivi à la télévision par les personnages du feuilleton, mais complètement décalé. L’anormalité dans Twin Peaks vient de ce que tout parait trop normal. Personne ne s’étonne de voir une femme se promener avec une bûche, sauf Cooper. Mais lorsqu’il demande qui elle est et que le shérif Truman (Michael Ontkean) lui rétorque « On l’appelle la femme à la bûche », il n’est absolument pas déconcerté !

David Lynch est l’instigateur des idées les plus folles de la série, bien qu’elles soient, pour la plupart, d’origine autobiographique. Tout d’abord, Twin Peaks est supposée située près de la frontière canadienne, à 30 miles de Seattle. Or, le tournage a eu lieu dans cette région précise. Le feuilleton a d’ailleurs failli s’intituler North west Passage. Dans la réalité, l’hôtel du Grand Nord se trouve à Salish Lodge, Snoqualmie Falls, tandis que le « Mar T Café » à North Bend figure le « Double R ». En fait, Lynch a passé toute son enfance dans l’état de Washington, pratiquement sur les lieux du tournage. Son père, ingénieur aux Eaux et Forêts, l’emmenait souvent avec lui. « J’ai vu beaucoup de choses étranges dans ces forêts. » raconte-t-il. « C’était un sentiment bizarre presque agréable. » D’où la pythie des forêts, la femme à la bûche, remarquablement interprétée par l’excellente Catherine E. Coulson.

À Philadelphie, alors qu’il était encore étudiant, il habitait en face d’une morgue. Les sacs qui servaient à transporter les corps étaient régulièrement lavés et suspendus au mur. Quand la grande fermeture Eclair était ouverte, les sacs semblaient sourire. Vous vous souvenez sans doute de l’énigme du Géant (Carel Struycken) : Il y a un homme dans un sac souriant…

Mais Twin Peaks n’est pas qu’un immense champ où Lynch et Frost auraient semé leurs propres souvenirs. Ils y ont inclus ceux de millions de téléspectateurs et de cinéphiles. À titre d’exemple, Cooper se fait tirer dessus au moyen d’un Walter PPK, l’arme préférée de James Bond, selon les sources d’Albert Rosenfield (Miguel Ferrer), l’expert en tout du FBI. Le juke-box de Norma Jennings (Peggy Lipton) semble tout droit sorti d’un des plus célèbres épisodes de La Quatrième Dimension ou d’Happy Days. Le manchot (Al Strobel) s’appelle Gerard, comme celui du Fugitif. L’un des amants de Laura d’Otto Preminger s’appelait Waldo Lydecker. Lydecker, c’est le nom du vétérinaire de Twin Peaks et Waldo, le nom du mainate, témoin du meurtre de Laura Palmer… Le haut-parleur du téléphone que Cooper utilise pour communiquer avec Gordon Cole (David Lynch) ressemble étrangement à celui grâce auquel Charlie confie leurs missions à ses Drôles de Dames. Laura la blonde et Madeleine la brune renvoient aux deux personnages joués par la même Kim Novak dans Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock, et dont l’un se prénommait justement Madeleine. Un véritable Leland Palmer a existé : il jouait dans des comédies musicales. Jones (Brenda Strong), la secrétaire de Thomas Eckhardt (David Warner), semble avoir été initiée aux techniques de combat et de séduction chez les soeurs du Bene Gesserit de Dune. Enfin, il y a un nain, comme dans Le Prisonnier. Tout cela est bien entendu passé au-dessus de la tête de bon nombre de téléspectateurs français qui n’ont pas été abreuvés des mêmes images que leurs homologues américains.

Le tournage de Twin Peaks s’est, en outre, déroulé dans une ambiance familiale. Au départ, Josie Packard devait être jouée par Isabella Rossellini, la compagne de David Lynch. Elle aurait alors été native d’Italie et se serait exprimée avec un léger accent italien… Mary Jo Deschanel, l’interprète d’Eileen Hayward, est l’épouse de Caleb Deschanel, un des réalisateurs du feuilleton. Jili Rogosheske, qui est Trudy, la serveuse à qui Cooper donne ses premières impressions sur le café, tous les matins à l’hôtel du Grand Nord, s’est mariée, pendant le tournage, à Robert Engels, coproducteur et scénariste de nombreux épisodes. Craig MacLachlan, le frère de Kyle MacLachlan, incarne l’homme mort pointant son index sur un jeu d’échec et retrouvé par Truman dans son bureau. Lynch a fait écrire Le Journal secret de Laura Palmer par sa fille, Jennifer. Mais c’est la dynastie Frost qui se fait le plus remarquer. Warren Frost, le père, joue le rôle du bon docteur Hayward. Son premier fils, Mark, est le cocréateur, coproducteur exécutif, scénariste et réalisateur du feuilleton. Son deuxième fils, Scott, a lui aussi écrit des épisodes et est le rédacteur de L’Autobiographie de Dale Cooper: ma Vie, mes Enregistrements.

« J’aime le monde de Twin Peaks. J’aime vraiment beaucoup cet endroit, » confie Lynch. À tel point, et en dépit de l’annulation de la série, qu’il a choisi de poursuivre son oeuvre au cinéma. Il vient de terminer le tournage de Twin Peaks, Fire walk with me, qui racontera les sept derniers jours de la vie de Laura Palmer. Cette prequel permettra de retrouver un certain nombre de personnages disparus tragiquement dans la série comme Leland Palmer (Ray Wise), et, surtout, d’en découvrir un peu plus sur Laura elle-même. Mais d’autres caractères, tous plus marteaux les uns que les autres, vont surgir au gré du scénario. Ils sont interprétés par Chris Isaak, Sean Penn, David Bowie (en agent du FBI) et Harry Dean Stanton (en propriétaire d’un dépôt de caravanes). Le film démarre en fait un an plus tôt, avec la découverte du meurtre de Theresa Banks dont Bob s’accusera lors de son arrestation, et dont l’enquête avait déjà été confiée à un certain Cooper… Le film devrait sortir cette année.

Il nous reste, en attendant, le plaisir de revoir le feuilleton, dont l’édition en vidéo est prévue en mars prochain en France. Pour l’heure, méditons sur cette proposition : les hiboux ne sont pas toujours ce que l’on pense…

Christophe Petit.
Génération Série, 1992.
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